Si rien n’est entrepris pour maîtriser les dépenses de santé et à réglementation inchangée, le déficit de l’assurance maladie, aujourd’hui de 7,7 milliards d’euros (Md€), pourrait passer à 14 milliards en 2020, puis à 29 milliards en 2030, estime le Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) dans son rapport annuel publié fin décembre. Il serait même de 41 milliards en 2040, voire 49 milliards en 2060 ! En cause, non pas le vieillissement comme on l’entend trop souvent, il n’occupe, selon le rapport, qu’une part relativement modeste dans la progression attendue des dépenses de santé (contribution de 0,5 point environ jusqu’en 2040), mais le progrès technique et la mauvaise organisation des soins, les deux principaux contributeurs des dépenses de santé.
Comment donc échapper à ce gouffre financier ? Trois pistes sont envisageables : baisser les taux de prise en charge des soins, relever les prélèvements obligatoires (CSG, cotisations, taxes) ou améliorer la maîtrise des dépenses de santé. Le HCAAM plaide pour la dernière solution, sans repousser totalement les deux premières. La baisse des remboursements « impliquerait un changement systémique majeur, si ce seul levier était mobilisé, écrit-il. Cette déprise de l’assurance maladie obligatoire (AMO) aurait de forts impacts soit sur certains soins, soit sur certains publics, sapant les logiques de solidarité universelle entre bien-portants et malades qui fondent le système ». Le levier d’une augmentation des prélèvements obligatoires, « s’il était seul utilisé, impliquerait en 2020 une augmentation de 0,7 point (soit 1,2 point de CSG) des prélèvements obligatoires » qui viendrait accroître les déficits publics pesant sur les générations à venir.
Reste donc la maîtrise des dépenses qui passe essentiellement, selon le Haut Conseil, par une meilleure organisation de la médecine de premier recours pour « répondre en particulier au défi des maladies chroniques », par l’articulation entre la ville et l’hôpital afin d’éviter les séjours inadéquats, par la coordination entre les professionnels de santé et sociaux et, au total, « par la mise en place de parcours de santé coordonnés ». « Ces pistes supposent également la définition pertinente du périmètre du panier de soins, incluant la prévention, ainsi que le respect de son bon usage, ajoute le HCAAM. Elles impliquent enfin une gouvernance plus efficace de l’ensemble du système de soins tant au niveau central que territorial afin de rendre plus efficiente la régulation. » De quoi nourrir les futurs plans de la Stratégie Nationale de Santé, dont Marisol Touraine souhaite la mise en route dès cette année.
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